Carnet de mission à Bangui (RCA)

Ici c’est Bangui !

L’aéroport de Bangui ne laisse pas indifférent. Il est même probable que votre première arrivée à Bangui reste gravée à tout jamais : La chaleur moite, la descente sur le tarmac, l’infrastructure petite ancienne… La tentation de prendre une photo est forte. C’est malheureusement interdit et les forces de sécurité présentes ne se priveront pas de vous le rappeler.

Les guichets de contrôle sont nombreux, plus nombreux qu’ailleurs. Il faut s’armer de patience, bien observer les autres passagers car rien n’est indiqué et surtout rester calme en toute circonstance. Les carnets de vaccination contre la fièvre jaune sont contrôlés systématiquement. Refusez les services des personnes qui se présentent comme des facilitateurs. Si vous avez peu de bagage, déclinez les nombreuses sollicitations des nombreux bagagistes. 

Je vous conseille d’être attendu sur place. Vous aurez pris soin avant le départ de noter le prénom et le numéro de téléphone du chauffeur qui vous attend. Utilisez votre téléphone en roaming si vous ne parvenez pas à l’identifier. Le stress de l’arrivée peut vous faire prendre de mauvaises décisions si vous improvisez un plan B avec les chauffeurs de taxis présents. La sortie de l’aéroport est tout aussi impressionnante avec la traversée du quartier Combattant et de son marché. Ici c’est Bangui !

Entre MINUSCA, FACA et Opéra

Vous ne mettrez pas longtemps à comprendre que Bangui est une ville militarisée. Les casques bleus de la MINUSCA, les Forces armées centrafricaines et leurs allées que nous nommerons prudemment « forces bilatérales » sont omniprésents, même si les risques de violences armées dans la capitale ont beaucoup diminué depuis le dernier pic de crise en 2021. 

 

Vue aérienne de Bangui. Crédit FC.

Règle n°1 : Pas de photo en ville. Aucune. Même si vous voulez immortaliser un arbre, une fleur, la cathédrale, un selfie… Il y aura toujours un policier, un militaire, un civil pour vous le reprocher, même si vous n’avez pas encore pris la photo. Ou que vous soyez, on vous indiquera que le palais présidentiel ou que la Radiotélévision nationale est située à moins de 300 mètres. Je ne vous parle même pas des conséquences si jamais un homme occidental armé et cagoulé fan d’opéra ou son véhicule apparaissait par inadvertance sur votre cliché. Car oui ils sont là. Dans les campagnes, dans les villes, sur les réseaux sociaux…

Règle n°2 : Ne jamais parler de politique et encore moins d’opéra. Vous remarquerez de toute façon rapidement que les Centrafricains n’y tiennent pas non plus. Les méthodes sont brutales et les moyens de surveillance très sophistiqués, y compris via la messagerie verte réputée cryptée. Des civils expatriés totalement « clean » ont déjà subi des gros coups de pression sous prétexte que leur comportement était jugé suspect (passé professionnel, lieux de fréquentation etc…). Restez focus sur vos objectifs professionnels en RCA, oubliez le Bureau des légendes et tout se passera bien. 

Si vous êtes français, vous aurez évidemment pris soin de vous inscrire sur Ariane. En cas d’incident, informez immédiatement votre organisation et signalez-le auprès de votre ambassade. Contrairement aux trois cousins sahéliens, les autorités centrafricaines conservent jusque là des échanges constructifs avec tous les acteurs diplomatiques présents dans le pays, y compris la France. 

SOS per diem

Autant le dire tout de suite, la vie est extrêmement chère à Bangui, avec une qualité de service parfois déconcertante comparés aux autres capitales africaines.

Si vous êtes humanitaires, vous bénéficierez de l’accueil plus ou moins chaleureux de vos collègues en Guesthouse (et oui l’humanitaire, c’est ce que c’était). Si vous êtes en mission courte, il vous faudra trouver un hôtel parmi une offre plutôt chère et plutôt réduite si vous prenez en compte un minimum de critère de sécurité. Il vaut mieux réserver dès que vous connaissez les dates de votre mission car ces hébergements sont souvent complets.

Le Centre d’accueil missionnaire de Bangui. Crédit FC.

Commençons justement par l’exception : Le centre d’accueil missionnaire, tenu par des sœurs béninoises et situé juste à côté de la cathédrale est de loin l’hébergement qui présente le meilleur rapport sécurité / prix (autour de 40 euros la nuit). Les chambres, destinées en priorité aux nombreux missionnaires encore présents dans le pays, sont petites et austères mais feront parfaitement l’affaire pour celui ou celle qui recherche le calme et la sécurité, à condition bien évidemment de respecter le règlement intérieur.

Quelques hôtels présentent un standard international tout en restant accessible pour les per diem de la plupart des organisations internationales. Il s’agit de l’hôtel Kitika (90 euros), le JM Résidence (100 euros) est ses annexes ou plus cher l’hôtel Couronne Suite (140 euros). On a tort de tirer une croix sur le mythique hôtel Oubangui qui reste généralement parfaitement fréquentable. Une fois l’épreuve de l’ascenseur franchie, sa vue exceptionnelle sur le fleuve vaut bien ses 70 euros.

Ces établissements ont la réputation de ne pas héberger d’hommes armés ou de paramilitaires, Lorsque c’est le cas vous conseillons de changer discrètement de lieu d’hébergement. Idem pour les lieux de restauration en ville et les boites de nuit. Personne ne prétend qu’ils vont vous menacer (ils tiennent la plupart du temps à rester discret) mais disons que l’impact d’un malentendu impliquant ce type d’acteur peut être important pour vous et votre organisation.

Une vie en dehors de Bangui ?

Il est redevenu possible se déconnecter du boulot en faisant une escapade en dehors de la ville. Il faut néanmoins rester vigilent, notamment sur les questions de sécurité routière et de sécurité nautique. Les chutes de Boali à 70 km au Nord Est de Bangui sont un grand classique. Il existe aussi des possibilités de balade sur le fleuve.

Contrairement aux pays du Sahel également en proie à des conflits armés, les travailleurs étrangers peuvent circuler dans l’ensemble du pays et ne sont pas spécifiquement ciblés par les groupes armés.

Les villes de Province reliés à Bangui par les vols humanitaires UNHAS sont de toute façon toutes tenues par les autorités et leurs alliés. Sans accès aux vols UNHAS, les trajets en véhicule restent risqués à cause du banditisme et de la présence des Groupes armés, notamment dans les Régions périphériques. 

Dans tous les cas : pas de de mission en RCA sans Briefing et sans plan de sécurité.

Les chutes de Boali. Crédit FC.

Le Fleuve Oubangui. Crédit FC.